La Réserve naturelle du lac-Clair-de-Perthuis

Crédits photos : Yvan Bédard

La Réserve naturelle du Lac-Clair-de-Perthuis, d’une superficie de 50,9 ha, a été créée afin de préserver une partie importante du bassin versant du lac Clair. Les terrains acquis par la Société Provancher sont constitués de boisés matures caractéristiques de l’érablière à bouleau jaune.

La Réserve naturelle du Lac-Clair-de-Perthuis est située au piémont des Laurentides, à la limite des basses-terres du Saint-Laurent. Une partie de la propriété est localisée au nord-est du lac Clair et l’autre au sud du lac. Elles sont situées sur le territoire des municipalités de Saint-Alban et de Sainte-Christine-d’Auvergne. Les seules activités autorisées sur le site sont l’acquisition de connaissances et la recherche, et occasionnellement les visites guidées axées sur les sciences naturelles. Autrement, le site n’est pas accessible au public.

Le milieu biophysique

À travers de la propriété se draine près de 126 hectares sur les 893 hectares que couvre l’ensemble du bassin versant du lac Clair. Ce dernier est enclavé dans un vaste massif forestier d’un seul tenant de 280 km2. Ce massif, de tenure privée, nommé la Seigneurie de Perthuis, compterait les plus beaux peuplements forestiers de la MRC de Portneuf selon Marcel Darveau, professeur associé en foresterie à l’Université Laval. Il inclut un réseau de lacs et de milieux humides qui font partie du bassin versant de la rivière Sainte-Anne, un bassin versant prioritaire au Québec. Son relief montagneux influence la température et les précipitations et contribue à maintenir les eaux froides et bien oxygénées, conditions de vie optimales pour la population allopatrique d’omble de fontaine habitant le lac Clair. C’est donc une population isolée, fait plutôt rare dans le Québec méridionale en raison de l’envahissement des lacs par d’autres espèces de poissons, notamment les poissons utilisés comme appât par les pêcheurs.
Le relief de la propriété est en pente et quelques petites vallées favorisent un écoulement rapide de l’eau vers le lac. Les deux principaux ruisseaux comportent plusieurs petites cascades et micro bassins propices au captage des sédiments. Le substrat est composé de roche granitique et les dépôts sont composés de tills glaciaires d’épaisseur moyenne. Quelques microfalaises apparaissent ça et là, et certaines comportent des anfractuosités propices aux espèces fauniques recherchant les cavités. Des blocs erratiques de faible dimension parsèment le parterre forestier.

Le peuplement forestier, âgé de plus de 120 ans, notamment dans le bloc de terrains situés au sud du lac, est constitué à 60% d’érables à sucre et d’érables rouges en quantité moindre. On y note aussi la présence du bouleau jaune, du hêtre à grandes feuilles et de la pruche du Canada. Les terrains situés au nord-est du lac supportent une plus grande densité de hêtre à grandes feuilles et quelques sapins et épinettes. La densité des jeunes arbres y est plus élevée que dans les terrains situés au sud du lac, résultat probable de l’ouverture du couvert forestier par le verglas. La strate arborescente est surtout composée de viorne à feuilles d’aulne et d’if du Canada. Le parterre forestier est occupé par la dryoptéride spinuleuse, l’oxalide des montagnes, la médéole de Virginie, la clintonie boréale, le lycopode foncé et le lycopode brillant. Ces vieilles forêts feuillues possèdent une structure inéquienne (de différents groupes d’âge) et renferment des éléments floristiques à tendance méridionale bien qu’elles soient situées à la marge de la forêt coniférienne. Quant aux trois petits blocs de terrain bordant directement le lac Clair, la pente y est forte et le couvert forestier y est dominé par le thuya occidental. Le broutement par le cerf de Virginie y est sévère.

Les deux principaux blocs de terrain comprennent de nombreux chicots de grande taille et les débris ligneux au sol sont abondants. Quelques souches pourries de grande dimension témoignent d’une exploitation forestière ancienne. Les lichens et les mousses abondent. Nombre de champignons croissent sur les chicots et sur les débris au sol.

L’inventaire de la faune reste à faire. Cependant, les caractéristiques de la forêt et les observations réalisées à ce jour indiquent que le milieu est très favorable aux espèces habitant les vieilles forêts. Les nombreux débris au sol et l’humidité élevée dans le sous-bois sont propices aux salamandres. Plusieurs chicots portent la marque de l’activité des pics. La gélinotte huppée y trouve des conditions favorables pour s’alimenter. Le cerf de Virginie est présent, tout comme l’écureuil roux et le porc-épic. Quelques marques de griffes faites par les ours noirs sont visibles sur les hêtres.

La structure irrégulière de certaines forêts de la Réserve naturelle du Lac-Clair-de-Perthuis, marquée par endroit par la présence simultanée de jeunes et vieux arbres, d’arbres sénescents et de gros arbres morts, montre que ces forêts ont atteint un stade avancé de développement. La présence des ruisseaux en cascades, des microfalaises, ainsi que les boisés en rive du lac Clair offrent abris à une faune spécialisée et ses attributs de forêt riveraine, font de ce boisé un élément clé de la diversité écosystémique régionale et qu’il est digne de conservation.

Le projet de protection du bassin versant du lac Clair origine de la préoccupation de propriétaires de chalets installés au lac Clair qui se sont unis sous le Regroupement pour la protection du lac Clair. Ils firent appel à l’organisme Conservation de la nature pour les aider à monter le projet de conservation d’une partie du bassin versant.

En 2008, la Société Provancher était sollicitée par Conservation de la Nature et le Regroupement pour la protection du lac Clair pour prendre le relais et entreprendre les démarches auprès du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs pour obtenir le financement en vue de l’acquisition des terrains. La demande de financement de la Société Provancher fut acceptée par le MDDEP dans le cadre du programme Partenaires pour le Nature.

Un premier bloc de 21,6 ha de terres fut acquis le 6 février 2009 et un second bloc de 29,3 ha, le 26 février 2010. Les terrains ont reçu le statut de réserve naturelle en vertu de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel en juin 2011.

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